A  Houston, comme dans la plupart des grandes villes américaines, on ne peut rien faire sans un véhicule personnel. La ville est pensée pour vivre avec une voiture. Il n’y pas de trottoirs, pas de métro (mais quelques bus), et les distances à parcourir sont souvent importantes (on prend l’autoroute presque à chaque trajet). La voiture est donc absolument indispensable, et je dois en trouver une avant demain. J’ai donc rendu ma voiture de location, et suis allé me présenter à mon nouveau travail. Je ne vous l’avais pas encore dit, mais je vais bosser dans le département financier d’une petite entreprise française d’informatique. Après une courte intégration, et en parlant avec mes nouveaux collègues, j’ai tiré les conclusions suivantes quant aux prix et moyens d’acquérir une voiture à Houston. Il y a plusieurs éléments à prendre en compte. En voici une synthèse qui je l’espère, pourra vous être utile :

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Réparer sa voiture aux Etats-Unis 

Aujourd’hui, j’ai repris le Judo. Cela se sent tout de suite, car je me suis fait broyer le genou par un chinois qui devait peser au moins 200 pounds (95 kilos). Mais, bon cela fait du bien de transpirer un peu, et puis cela détend.

Je voulais vous dire que j’avais réparé ma voiture ce WE. Rappelez-vous, on me l’avait vendue avec les roues arrières pas droites. A partir de 60 miles/h elle commençait à danser la samba…

J’ai pris mon temps car je voulais trouver un bon garagiste et honnête, de surcroît. C’est chose faite avec monsieur Cotton, 85 balais et toutes ses dents (enfin presque). Je suis allé dégoter ce garage au fin fond de la ville sur un conseil d’un autre garagiste que j’ai saoulé (de questions). Il ne paye pas mine, mais voir qu’il réparait les bus de ramassage scolaire était plutôt bon signe. Lorsque nous avons regardé sous la voiture, monsieur Cotton m’a paru deux fois plus ridé par la grimace qui déformait son visage. Ses mécanos aussi.

Je me doutais bien de ce qui c’était passé, mais j’attends leurs explications pour en avoir le cœur net.

– La voiture a été sévèrement accidentée sur le quart arrière gauche…

– OK.

– Alors pour la réparer bon marché, ils ont découpé le quart accidenté, et l’ont remplacé par un autre.

– Pardon ?

Monsieur Cotton me mime avec de grands gestes désolés : ILS ONT DECOUPES UN BOUT, ET PUIS ILS EN ONT SOUDE UN AUTRE.

Ca va, j’ai compris.
Ca craint.

Je viens de me prendre une belle baffe. La voiture n’est plus vendable, et je ne peux la conduire dans cet état. Je lance à monsieur Cotton mon regard le plus implorant, celui qui apitoierait un crocodile en grève de la faim.

– And it is possible to repair this fucking… car ?

– Everything is possible sir, it depends how much money you are willing to put on it.

Ben voyons, on revient toujours à la même question.
Alors là je pose les deux questions que je pose le plus souvent au Texas :
     
Combien ?
Et combien de temps ?

Concertation avec les mécanos, monsieur Cotton bouste le potentiomètre de son sonotone. VAS Y PEPE !

Les mécanos ont vraiment l’air de chercher une solution technique pour réparer ce châssis. Cela doit ressembler à un challenge pour eux, quelque chose que l’on doit accomplir dans sa carrière de mécanicien.

La réponse vient comme une délivrance : 350 dollars et une bonne journée de travail.

Il est évident que vu la tronche de la voiture, c’est cadeau.

Je viens d’assister à la Rédemption du Texas.

J’exprime toute à ma gratitude à ce bon monsieur Cotton (il faudrait qu’il mette un peu d’ordre dans son garage quand même). Ces gens m’aident, et cela fait chaud au cœur. Je suis heureux. Le mécano, un grand type taillé comme un buffet normand, me dit qu’il va bosser dessus comme un malade pour me rendre une voiture aussi sûre qu’une poussette.

Sympa Man.

Je suis revenu prendre ma voiture le lendemain. Il y avait deux beaux calendriers à l’intérieur en cadeau. Ils ont fait un boulot admirable. La voiture tient parfaitement la route. Pour m’en persuader j’ai claqué un 170 sur la Highway en lâchant le volant.

J’ai fait confiance au mécano.

Le garagiste aux USA 

Visite chez le garagiste   

Comme je vous l’avais déjà dit : Pas de klaxon, pas de contrôle technique.
Pas de contrôle technique, pas de permis américain.
Pas de permis américain, pas d’assurance abordable.

C’est le triple effet Kiss-Cool.

Cela m’énerve car j’aimerais mieux prendre du bon temps mais il faut bien y passer. Je vais essayer de le faire réparer par le concessionnaire de la marque. La voiture n’est plus sous garantie à cause de la mention « SALVAGE » sur la carte grise. Mais bon, cela ne coûte rien d’essayer. En route !

L’accueil est très professionnel. Tout le monde a vraiment l’air désolé que j’aie des ennuis avec ma voiture. Cela fait plaisir à voir. Je la leur laisse sur place et viendrai la récupérer demain. Un dossier est ouvert sur informatique, mais pour l’instant ils n’ont rien vu pour la garantie.

Sébastien, un collègue du boulot me ramène. Il me fait remarquer que je suis un peu gonflé, et que si cela marche, j’aurais bien de la chance. Lui il roule dans 4X4 pourri qu’il a payé le même prix que ma belle auto. Mais bon, au moins, il a un klaxon, et il ne se gène pas pour me le faire entendre…   

Grosses réparations…  

Le lendemain c’est la consternation.

Non seulement, la voiture n’était pas réparée (non, mais faut pas rêver). Mais en plus, le dealer m’apprend avec un air curieux que les roues arrières ne sont pas droites. NE SONT PAS DROITES ?! D’ailleurs, les pneus sont foutus à cause de ce problème… Je suis livide. Seb me regarde d’un air compatissant. J’envie son 4X4 pourri.

Nous réfléchissons à toute allure.

1- Je ne veux pas conduire une voiture dangereuse.
2- Pour m’ôter tous les doutes sur une voiture suspecte, seul le
concessionnaire agréé peut me garantir un diagnostic fiable de ce qui
cloche.
3- Je ne perds pas de vue que les garagistes texans ne sont pas tous
des premiers communiants. Seb me fait remarquer que le boulot du type en
face de moi est de me facturer de la prestation. Il n’a pas tort, d’autant
plus que je les ai déjà dérangés une journée sans rien payer.

Au vu de tout cela, je décide de faire examiner la voiture par le concessionnaire. Cela va me coûter 75 dollars juste pour avoir une idée du problème et du prix pour le résoudre (si cela est possible, de réparer). J’abandonne la suggestion du garagiste qui me conseille de prendre un avocat et de poursuivre le vendeur. Ben voyons. Cela fait trois semaines que je suis là, et je vais me lancer dans une bataille juridique.

J’en ai raz la casquette du Texas. Je rentre chez moi, et me couche.

Le frame shop  

Le lendemain, j’arrive chez le concessionnaire pour la troisième fois. Il m’explique que ma voiture à été accidentée sur l’arrière et que le châssis à été abîmé. Une partie a été découpée et remplacée par une autre. Le problème vient du fait que l’ajustement a mal été effectué. Voilà pourquoi les roues ne sont pas droites.

Je m’en fous. Mes seules questions sont: Peut-il réparer? et combien?

Non.

Comment ça non ?

Non, il ne peut pas réparer.

Pas lui. Il faut que j’aille chez un « frame shop ». Ce sont des garagistes spécialisés pour les problèmes de châssis (il me propose une adresse). Je paye mes 75 dolls pour le diagnostic, et m’en vais. Je ne suis plus très rassuré en conduisant cette voiture. Aujourd’hui c’est un mauvais jour.

C’est même un très mauvais jour.

Je viens de perdre mon portefeuille.

Assurer sa voiture aux Etats-Unis

Ça y est, j’ai une voiture!

Bon. J’ai une voiture aux Etats-Unis, j’ai un logement, je pense que le plus dur est fait. Je me sens quand même soulagé et suis prêt à commencer une vie « normale ».
C’est vrai quoi, depuis que je suis arrivé j’ai passé mon temps dans des centres commerciaux pour me meubler un minimum. Si au Texas, le cow-boy dégaine son colt, je peux vous garantir que vous serez champion du « dégainage » de porte monnaie. Cela y va. Tout est payant. Même si avec un budget moyen on s’en sort, je dois dire que cela finit par donner le tournis.

Je commence à rêver de pâquerettes, d’océan bleu, et de troc (il va falloir que je me raisonne, cela ne fait quand même qu’une semaine que suis arrivé).
Ah oui, j’oubliais deux petits détails : Il faut aller payer l’assurance de ma nouvelle voiture (j’espère qu’elle ne me réserve pas de mauvaises surprises), et en établir la carte grise.

A nous l’assurance!

Pour l’assurance, je n’ai pas trop le choix. Je me suis fait éconduire trois fois par des organismes qui n’acceptent que le permis Texan. Une seule compagnie veut bien de mon permis international, et encore pour une durée d’un mois (après il faudra l’US driving licence). Alors on y va : les renseignements avaient déjà été pris avant l’achat de ma voiture (pour en contrôler l’identité), il ne me presque plus qu’à devinez quoi : sortir la carte bleue. Et là, on me sort le prix sans complexe : 200 dollars d’inscription, et 100 dollars par mois pour une bête couverture au tiers (je vous fais grâce du prix « tout risque », nous sommes entre gens décents).

J’ai eu l’impression de me prendre un coup de bambou derrière la nuque. Aïe ! Je me retourne pour voir s’il y a un complice, mais ne vois qu’un sourire commercial de l’agent d’assurance qui….Reluque ma carte bleue avec un léger tremblement de la lèvre inférieure.

Là je me fais bien préciser les limites de ma couverture. Je repose plusieurs fois la même question, je demande confirmation, et au final je ne suis pas assuré pour grand chose. Après sept ou huit « Yes Sir » polis, je craque, je donne la carte. De toute façon dans ce pays encore plus qu’ailleurs, conduire sans assurance est une folie. N’y pensez même pas. Et il faut bien que je bouge ma voiture du parking où elle stationne…

Devenir propriétaire

La deuxième étape, pour être en règle, c’est d’aller s’enregistrer comme propriétaire. Il faut aller au bureau du Shérif (un garagiste m’a donné l’adresse). Je présente tous les papiers nécessaires (ancienne carte grise, preuve d’assurance, ID etc…) et remarque une augmentation significative de mon rythme cardiaque. En effet, si mon vendeur m’a roulé, je vais le savoir très bientôt… Tout ce passe très bien. On me demande treize dollars pour tout enregistrer (très bien). Je sors mes petits billets verts. La guichetière me regarde d’un air amusé. Elle tourne légèrement son écran d’ordinateur vers moi et me dit « THREE HUNDRED twenty two » !!

J’avais mal compris. J’aurais voulu mal comprendre. Y en a marre de payer. J’ai envie de gueuler, mais comme ils ont tous des flingues, je préfère dégainer devinez quoi…la carte bleue. En rentrant chez moi, je m’arrête à un garage pour effectuer la « State Inspection ». C’est l’équivalent du contrôle technique local, même s’il est beaucoup moins rigoureux que celui que nous connaissons en France. Cela vaut vingt dollars, et là encore j’appréhende un peu en laissant mes clés au garagiste : Si mon vendeur ne m’a pas roulé sur le plan administratif, il reste encore à vérifier sa bonne foi sur l’aspect mécanique.

Le garagiste vient me voir et me dit que ma voiture a échoué au test.

Je deviens vert.

Je demande ce qui ne va pas. Pas grand chose, me répond t-il, c’est juste le klaxon qui ne fonctionne pas (ah bon alors c’est un moindre mal). Oui mais : pas de klaxon, pas de « State inspection ». Pas de voiture en règle, pas de permis texan. Pas de permis texan, pas d’assurance abordable…

Le problème est Cornélien. Il me faut un nouveau klaxon. Oui, mais pas aujourd’hui, j’en ai assez vu.

Je vais me coucher.