portrait Christine Koop

Marie-Christine Koop est professeur à université de North Texas à Dallas. Elle nous parle du Texas et de son expérience dans l’enseignement supérieur aux Etats-Unis.

Pouvez-vous brièvement nous parler de votre parcours aux Etats Unis ?

Je suis arrivée en 1977 aux Etats Unis dans le cadre d’un échange avec mon université. J’étais lectrice ou « graduate assistant » de français. J’ai ensuite préparé une maîtrise dans l’Etat de New York et et fait mon doctorat de civilisation française dans le Michigan.

Comment avez-vous pu financer vos études relativement chères aux Etats Unis ?

J’avais un poste d’assistante. J’enseignais quelques heures de cours par semaine (6 à 8 heures par semaine); ce qui me laissait le temps de travailler pour mon doctorat. C’est une pratique courante aux Etats Unis.

Comment avez-vous fait pour trouver ce poste ?

Il faut postuler comme n’importe quel poste dans une entreprise. Autrefois une licence, équivalent du « bachelor », soit 4 années d’université américaine, suffisait pour postuler. Aujourd’hui il faut plutôt un bac+4, ce qui peut décourager certains étudiants avec les maîtrises aujourd’hui supprimées dans le cadre de la réforme LMD pour les équivalences européennes. Cela dépend des universités, parfois une licence peut être reconnue.

Vous vivez et enseignez maintenant au Texas ?

Je suis arrivée au Texas en 1987 et je vis dans la région de Dallas. J’enseigne dans une grande université (32000 étudiants), University of North Texas, la 4ème de l’Etat.

Est-ce un Etat fidèle à sa réputation de pays de cowboys ?

Le Texas n’a pas bonne réputation et c’est dommage. Quand je suis arrivée ici, je croyais atterrir dans un champ de cactus. C’est plus grand que la France ! Il y a des climats différents. Au sud, c’est sub-tropical ; au Nord, c’est sec et froid avec de la neige et dans l’Ouest c’est le désert. Les gens sont accueillants. En milieu urbain, les gens viennent d’ailleurs, ce ne sont pas de vrais Texans. Pour voir des cowboys, il faut aller à la campagne. Dallas est une agglomération de 5 millions d’habitants et il y fait bon vivre.

Il y a fait bon vivre même avec 40°C?

On ne souffre pas beaucoup de la chaleur. Tout est climatisé de la voiture aux bâtiments. Je suis originaire de Cannes où la température moyenne est de 5-6° C de moins mais où on a l’impression qu’il fait plus chaud.

Le Texas est également un Etat très riche ?

C’est un Etat où il y a de l’argent, l’un des plus riches des Etats Unis, ce qui explique que les frais de scolarité à l’université sont parmi les moins chers. Il n’y a pas non plus d’impôts sur le revenu prélevés par l’Etat texan. L’immobilier est très intéressant car il existe beaucoup de terrain, d’espaces avec une concentration de la population peu élevée. C’est l’argent du pétrole. Acheter une maison avec 4000 m2 de terrain, c’est classique ici.

Qu’aimez vous chez les Américains ?

Ils font preuve d’un grand esprit d’initiative. Ils vont de l’avant. L’Etat contrôle moins de choses. Par exemple, aux Etats-Unis, il n’y a pas d’équivalent du CNRS. Ce sont soit des laboratoires privés, soit des entreprises privées à qui on fait appel.
Il n’y a pas la sécu, peu de subventions pour les arts et la culture par exemple. « L’esprit de la frontière » existe toujours. Les Américains sont toujours prêts à repousser les limites du pays vers l’Ouest avec toujours cet esprit pour se débrouiller seul. En France, on est dans l’immobilisme.

Qu’appréciez-vous moins?

Le matérialisme est important. La division par classe sociale se fait ici par l’argent. En France, la division se fait plus par le capital culturel. Néanmoins la mobilité sociale est plus facile aux Etat-Unis. J’effectue des recherches sur les facteurs de la réussite scolaire. En France, le facteur de l’origine sociale est plus important qu’aux Etats Unis. Les USA, c’est le pays du possible. Ici, il y a moins de carcan. Si on a des idées, c’est possible. Il est toujours possible de recommencer des études. En France, c’est administrativement possible mais la validation des acquis n’est pas dans les mentalités.

Quels métiers exercent vos étudiants en civilisation française après leurs études ?

La moitié vont enseigner dans le secondaire. Il y a une très forte demande pour l’enseignement des langues étrangères dont le français même si l’espagnol est très important (avec 3 fois plus d’élèves qu’en français). Pour trouver des profs d’espagnol, ils vont recruter en Amérique du Sud. Bizarrement, le chinois est moins demandé ; les jeunes ne sont pas conscients de l’importance économique de la Chine.

Comment expliquez-vous que les langues étrangères soient si prisées alors que le monde entier se met à parler anglais comme langue principale d’échange ?

Pour être admis dans les universités américaines, il faut avoir étudié au lycée une langue étrangère…

En tant que professeur de civilisation française, avez-vous ressenti quelque différence à la suite des tensions entre la France et les Etats Unis lors de l’enclenchement de la guerre en Irak ?

Je n’ai ressenti aucune animosité. Deux ou trois commentaires dans les commerces mais rien de plus. En même temps, l’université n’est pas représentative de la société profonde.

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaitent venir étudier aux Etats-Unis ?

Avant d’étudier à l’étranger, il faut bien réfléchir à ce que vont leur apporter les études envisagées. Comment le diplôme qu’ils vont obtenir aux Etats Unis va être validé de retour en France ? Egalement, une fois le diplôme en poche, il est indispensable de faire traduire son diplôme avec le détail des notes et des matières. C’est un point crucial de le faire avant de partir. Il y a des services spécialisés qui le font, on peut aussi se renseigner dans les consulats.