Portrait Juliette Guerrault

Nous sommes partis à la rencontre de Juliette Guerrault, graduate assistant à la East Tenessee State University. Elle nous raconte son expérience aux Etats-Unis et ses impressions sur son pays de résidence. 

Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux Etats-Unis ?

Vivre aux Etats-Unis était pour moi un rêve d’enfant. J’ai toujours été attirée par leur culture, leur langue… J’ai cru que cela ne resterait qu’un rêve quand en dernière année de licence, mon professeur de civilisation américaine me parla d’un programme d’échange pour étudier aux Etats-Unis l’année suivante.

Quel a été votre parcours professionnel depuis votre arrivée aux Etats-Unis ? Qu’est-ce qui vous a conduit dans cette voie plutôt qu’une autre?

Mon parcours professionnel suit mon parcours d’étudiante. En effet, mon échange avec l’université n’était prévu que pour un semestre, néanmoins grâce au programme d’échange, je pouvais rester un semestre de plus si je trouvais un stage. C’est alors que j’ai commencé à travailler pour l’American Breast Cancer Foundation. J’ai décidé de poursuivre mes études aux Etats-Unis et de ne pas rentrer en France. En avril dernier, j’ai été acceptée en master dans la même université. Les études aux USA étant tellement chères, les universités proposent des bourses très intéressantes. Pour dégoter ces bourses, c’est comme de chercher un emploi, il faut envoyer des CV, des lettres de motivation… En juillet, j’ai enfin eu une réponse positive, j’avais décroché un emploi en tant qu’instructeur pour mon département: le département de communication. J’enseigne l’introduction à la communication.

Pouvez-vous nous décrire une journée typique en tant que « graduate assistant » ? Quels sont vos challenges quotidiens?

J’ai plutôt deux journées typiques en tant que « graduate assistant ». La première j’assiste au cours d’amphi d’introduction à la communication donné par le professeur principal. A la fin du cours je vais à mon bureau puisque je dois assurer des heures de permanence où je suis là pour répondre aux questions des étudiants. J’utilise également ces heures pour préparer mes propres cours. En effet, le vendredi j’ai deux classes à ma charge. Ce sont des TD de 18 élèves.
Après ces heures de permanences je vais en cours, cette fois ci, mes cours de master où je redeviens étudiante. C’est assez intimidant de passer d’étudiant à professeur, tout en restant étudiant. Il faut réussir à faire la part des choses. Je suis deux classes: dans la première, je pose des questions pour comprendre le cours, et dans la classe suivante c’est moi qui suis au tableau à expliquer le cours et à répondre aux questions de mes élèves. Un autre challenge que je rencontre est de réussir à estimer le temps que mon cours va prendre quand je le prépare, ce sont deux classes de 55 minutes chacune. Donc mon cours doit remplir les 55 minutes et ce n’est pas toujours facile. Je me rends compte que professeur n’est pas un métier si facile que ça!

Qu’est-ce qui vous a surpris le plus à votre arrivée aux USA?

Quand je suis arrivée il y a deux ans, c’était la première fois que je mettais le pied sur le sol américain. Tout était comme dans les films. J’avais l’impression de me balader dans un vrai décor de cinéma: le downtown Johnson City semble s’être fixé à l’époque de la prohibition, le train fait le même bruit que dans les films de cowboys, on se croirait dans Wisteria Lane quand on passe dans les quartiers résidentiels…

Qu’appréciez-vous le plus aux Etats-Unis ?

Ce que j’apprécie le plus ici c’est la mentalité des gens. Le sud est connu pour son hospitalité et c’est vrai. Ici les gens sont souriants, avenants, sympathiques, rien à voir avec le Français aigri et mal poli que l’on peut rencontrer parfois (souvent même). C’est beaucoup moins stressant de vivre ici comparé à mon ancienne vie en France. Même dans le Nord, où les gens sont censés être plus froid, on n’atteint pas le niveau d’impolitesse que les Français peuvent parfois avoir.

Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées dans ce pays?

Je dirais que le plus difficile c’est de comprendre le système au niveau de la santé. C’est tellement différent comparé au système français que je ne veux pas tomber malade.

Si vous aviez l’occasion de revivre votre arrivée aux USA, auriez-vous fait les choses différemment ?

Non, je referais les choses de la même façon. Ma première année aux Etats-Unis a été extraordinaire. J’ai très vite rencontré de nouvelles personnes, américaines comme internationales.

Quels sont, selon vous, les plus grands traits de caractère des Américains ?

Gentils, accueillants et polis. Ils sont souvent très étonnés de mon honnêteté parce qu’ici, on n’ose pas trop dire les choses surtout quand cela nous plait pas, on tourne autour du pot ou on ne dit rien et on attend patiemment que ça passe. J’exagère à peine.

Quelle est votre anecdote préférée sur votre expérience aux Etats-Unis ?

J’en ai tellement c’est difficile de choisir. Mais je crois que mon anecdote préférée a été la colocation. Quatre filles dans un même appartement, ça déménage. Il faut savoir qu’ici la colocation est très développée, pas comme en France. Ici rares sont les étudiants qui vivent seuls. Les résidences étudiantes sont nécessairement des colocations. Les trois quarts des maisons alentours sont louées à plusieurs étudiants.
Je connaissais deux de mes colocataires mais pas la troisième. C’est normal dans les résidences : on ne connait pas forcément les personnes avec qui on va partager un appartement (seuls salon, salle à manger et cuisine sont en commun). Ça peut sembler un peu curieux au départ et ça ne marche pas à tous les coups. Mais notre quatuor a très vite bien fonctionné. Mes meilleurs souvenirs, je pense, sont ces moments où on se retrouvait vers 23H sur le canapé ou sur le lit de l’une ou de l’autre à « gossiper ».

Quelle est votre devise ?

Ne jamais abandonner et surtout ne jamais se poser des limites là où il n’y en a pas!

Quelle est votre plus grande fierté ?

Ma plus grande fierté c’est de voir tout ce que j’ai réussi à accomplir. Cela peut paraitre pédant mais il faut savoir que je suis dyslexique. Je l’ai su très tard et donc je suis quelqu’un qui n’avait pas du tout confiance en soi, je me suis toujours trouvée nulle, je me mettais des barrières sous simple prétexte que je ne pourrais pas y arriver parce que je n’en avais pas les moyens. Et un jour je me suis dit « mais pourquoi je n’en aurais pas les moyens après tout » ? J’ai mis un an à me préparer (les démarches sont longues et fastidieuses) et je suis partie vivre mon rêve qui était d’étudier aux Etats-Unis et y vivre par la même occasion. Aujourd’hui j’ai trouvé ma voie. Je ne sais pas encore exactement où je vais mais je suis sur la bonne route !

Si vous deviez rentrer en France, qu’est-ce qui vous manquerait des USA ?

Je dirais la simplicité de la vie. Non pas que les expériences, les tracas, les joies de la vie soient différents qu’en France mais ici on n’appréhende pas, on ne vit pas les choses de la même façon.