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Marguerite Perrin Klein est membre fondatrice de l’American Association of French Speaking Health Professionals créée au début des années 70. Elle nous raconte son parcours aux Etats-Unis avec un éclairage particulier sur le secteur de la santé qu’elle connaît bien de par son métier de psychanalyste.

Comment êtes-vous arrivée et restée aux Etats-Unis ?

Je suis d’abord venue comme étudiante aux Etats-Unis. J’y ai rencontré mon mari et je suis restée. J’ai d’abord été assistante sociale puis je suis devenue psychanalyste.

Pourquoi avoir créé cette association l’American Association of French Speaking Health Professionals et quel est son fonctionnement ?

Le premier objectif était de réunir les médecins aux Etats-Unis ayant fait leurs études en Europe qui parlaient français pour se retrouver et parler français ! Nous sommes une petite association dont les membres sont principalement basés à New York. Nous nous réunissons 4 à 5 fois par an autour de thèmes scientifiques et culturels. Les membres sont des professionnels de la santé : médecins, infirmières, assistantes sociales…Etc.

Un médecin français peut-il venir aux Etats-Unis pour exercer son métier ?

Depuis septembre 2001, c’est devenu très difficile de venir. Il faut prévoir 5 à 6 ans avant de pouvoir vraiment s’installer. Si le médecin a une spécialité particulière et reconnue aux Etats-Unis, alors il pourra avoir facilement un visa et l’autorisation de passer son examen médical. Un créneau plus facile est celui de la recherche où il sera plus facilement accepté et sera bien payé. Il faut beaucoup de patience, d’énergie, de courage mais rien n’est insurmontable…

Quelles sont les grandes étapes à suivre pour devenir médecin aux USA ?

Pour un médecin déjà diplômé, il faut d’abord qu’il trouve un « sponsor », pour l’aider à obtenir un visa. Il faut qu’il passe un examen d’anglais et un examen médical qui dépend de sa spécialité. Il faut qu’il soit accredité pour l’Etat dans lequel il veut exercer. Certaines licences sont plus difficiles à obtenir que d’autres par exemple en Californie ou en Floride car tout le monde veut y aller !

L’image de l’Américain qui va voir son psychanalyste régulièrement est encore très présente, est-ce toujours le cas ?

Aujourd’hui la psychanalyse n’est plus en vogue pour deux raisons :
1. Les assurances ne veulent plus payer
2. Les patients ne veulent plus payer

Quand vous faites une psychanalyse, c’est 2 à 3 consultations par semaine à raison de $100 à $250 la consultation, cela fait cher la semaine… Les psychanalystes s’orientent plus vers des psychothérapies. Les psychanalyses sont encore réalisées pour les étudiants psychanalystes qui sont obligés de suivre une psychanalyse.

A défaut, les médicaments sont-ils de plus en plus utilisés ?

En France, on prend trop de médicaments car on ne les paye pas. Aux Etats-Unis, ce n’était pas le cas mais on commence à voir ce type d’abus car les assurances les remboursent. Quand on ne paie pas, on abuse. A partir de 60-65 ans, un Américain peut bénéficier de Médicare, une assurance santé pour les retraités, qui couvre 80% du coût des médicaments. Il y a là aussi de l’abus et du gaspillage.

Avez-vous connu certaines problématiques spécifiques aux Etats-Unis lors de vos consultations ?

Il faut comprendre de quoi est fait l’Amérique. J’ai eu dans mon cabinet souvent à traiter de problèmes entre des parents et des adolescents, des conflits culturels et personnels avec de nouveaux émigrants ou ceux de la 1ère génération. Les enfants veulent être américains et les parents ne les comprennent pas toujours, ils ne connaissent pas toujours l’anglais.

Quelles difficultés rencontrent souvent les Français aux Etats-Unis?

Ils ne veulent pas obéir aux règles américaines. Ils pensent pouvoir détourner la loi américaine comme en France, utiliser le système D. Mais cela ne fonctionne pas comme cela ici.

Qu’est-ce que vous aimez chez les Américains ?

Ils sont gentils, ouverts, tolérants, pas critiques, pas assez critiques même. Ils vous aident et acceptent les gens tels qu’ils sont. Ils les font travailler et si cela ne va pas, on se quitte sans fioriture. Il n’y a pas de mesquinerie.

Qu’est-ce que vous aimez moins ?

Avant, je n’aimais pas l’uniformité de l’Amérique mais cela a beaucoup changé et s’est beaucoup européanisé. A New York, on vit comme à Paris aujourd’hui.

Pensez-vous rentrer en France ?

Non, car c’est trop compliqué pour obtenir les choses rapidement : ouvrir son compte en banque, obtenir des papiers, avoir un appartement, une ligne de téléphone… Ici, vous prenez un appartement et en 5 minutes, vous avez tout ! Mais en Amérique, il faut avoir une bonne santé car il faut travailler !