Portrait expatriée usa Ghalambor
EuropUSA a interviewé Claudie Ghalambor, infirmière aux Etats-Unis.
Découvrez son extraordinaire parcours aux USA, aussi professionnel que romantique.

Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux Etats-Unis ?

Je n’avais pas pour projet initial de partir aux Etats-Unis, avant de faire une rencontre qui a changé le cours de ma vie. D’ailleurs, étant infirmière en France, je ne parlais pas anglais. Je travaillais à l’hôpital de Nîmes lorsque j’ai rencontré un interne qui, lui, avait le projet de partir aux USA, c’était son dernier jour à l’hôpital de Nîmes. Je l’ai suivi dans son projet et c’est aujourd’hui mon mari.

Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?

Ici, tout me plaît. Ca fait dix ans que nous habitons aux Etats-Unis et je m’y sens bien, nous souhaitons rester ici. D’ailleurs, je suis rentrée en France après neuf ans d’absence et j’ai été surprise du décalage qu’il existe entre ces deux sociétés. Surtout le décalage entre les infirmières en France et aux Etats-Unis. Les infirmières aux Etats-Unis ont un niveau de vie beaucoup plus élevé qu’en France. Il y a un énorme décalage au niveau de la rémunération (ici les infirmières gagnent trois fois plus qu’en France), mais aussi au niveau du travail en lui-même. Par exemple, aux Etats-Unis une infirmière a à sa charge 5 patients, tandis qu’en France elle peut en avoir jusqu’à 20. En France la charge de travail est beaucoup plus importante, moins personnalisée et souvent dans l’urgence, tandis qu’aux Etats-Unis la qualité de travail est meilleure.

Pouvez-vous nous expliquer comment se déroulent les démarches d’homologation et d’équivalence de diplôme ?

Pour l’homologation ça a été très compliqué. J’ai préparé mon départ en France, en commençant par mettre de l’argent de côté. Ensuite, une fois sur place j’ai dû attendre 3 ans pour obtenir tous les documents nécessaires pour pouvoir travailler, c’est-à-dire pour obtenir mon équivalence de diplôme. C’est un coût financier énorme et cela demande du temps et de la patience. En ce qui concerne l’anglais, je l’ai appris vraiment une fois sur place. D’ailleurs, lors des démarches administratives il faut savoir que tous les documents sont en anglais ! Heureusement, mon mari le parle couramment et il a pu m’aider dans mes démarches.

Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées aux Etats-Unis ?

Lorsque je suis arrivée aux Etats-Unis, je suis arrivée avec un Visa H-4, qui est un visa d’accompagnant, je n’avais donc pas le droit d’exercer ma profession. De ce fait, je n’avais pas de sécurité sociale américaine, ce qui veut dire que je n’avais ni le droit de conduire, ni le droit d’ouvrir un compte en banque…etc. Je suis devenue complètement dépendante de mon mari pendant 3 ans.

Lorsque j’ai obtenu mon équivalence, j’ai dû passer le même examen d’infirmière que les Américains. Je l’ai obtenu, mais je n’avais toujours pas de numéro de sécurité sociale. L’hôpital a alors sponsorisé mon visa parce que j’avais réussi mon examen et fait toutes les démarches pour que je puisse exercer mon métier. J’ai fini par obtenir mon numéro de sécurité sociale grâce auquel j’ai pu retirer ma licence et commencer à travailler. Tout cela m’a beaucoup coûté, entre les frais d’avocat et les autres frais administratifs.

Aujourd’hui la situation pour les infirmières françaises souhaitant travailler aux Etats-Unis a-t-elle évolué ?

Aux Etats-Unis il existe un réel besoin d’infirmières étant donné la manière dont est organisé le travail en hôpital. Ici, s’il n’y a pas assez d’infirmière dans un hôpital pour s’occuper d’un patient celui-ci est transféré dans un autre hôpital où le personnel peut l’accueillir.

Avant, il existait un visa uniquement pour les infirmières, celles-ci avaient un statut spécifique qui leur permettait d’obtenir plus facilement qu’aujourd’hui la « green card » (elles pouvaient l’obtenir en un an). Aujourd’hui cela a changé. Les infirmières n’ont plus de statut spécifique, ce qui entraîne de grandes difficultés pour les personnes souhaitant exercer leur métier d’infirmière aux Etats-Unis. Il arrive parfois que les personnes obtiennent leur équivalence mais pas leur visa.

Quels conseils donneriez-vous à une infirmière souhaitant travailler aux Etats-Unis ?

En ce qui concerne l’équivalence, tout peut être fait en France. Il y a des centres spécialisés dans l’obtention de l’équivalence par lesquels tout se fait en ligne. Il faut d’abord choisir dans quel Etat on souhaite travailler. En fonction de cet Etat, il faut se renseigner sur les contraintes légales et administratives. C’est un élément important, étant donné que chaque Etat a ses propres règles en ce qui concerne les infirmières qui viennent de l’étranger.

Après, il ne faut pas croire que le projet de partir travailler aux Etats-Unis est impossible. Il faut savoir aussi que les infirmières françaises ont un atout : leur formation est aussi bien pratique que théorique. Alors qu’aux Etats-Unis, la formation pour être infirmière est très théorique, la plupart des jeunes diplômés ne se sont jamais occupés d’un patient lorsqu’ils commencent leur premier emploi !

Qu’appréciez-vous le plus dans votre travail aux Etats-Unis ?

Au travail, on est très encadré, très bien formé, on nous demande avant de commencer à s’occuper d’un patient de bien connaître l’organisation. Au début, on nous apprend tout de l’hôpital pour bien comprendre son fonctionnement, on nous demande d’observer. Il faut être bien familiarisé avec son lieu de travail avant que l’on vous confie un patient. D’ailleurs, la charge de travail se fait progressivement. D’abord on nous confie un patient, puis deux, trois, quatre et enfin cinq. C’est un processus d’insertion professionnel lent mais de qualité. Au contraire, en France tout se fait dans l’urgence. Ici, il y a beaucoup d’entre-aide au sein de l’équipe. On ne sent pas seul, on est accompagné, encouragé.

Comment a évolué votre carrière professionnelle en dix ans de vie aux Etats-Unis?

Aujourd’hui j’ai quatre enfants et mon mari a ouvert son propre cabinet spécialisé. Actuellement, je m’occupe de recruter le personnel pour son cabinet, des tâches administratives, de vérifier le travail des infirmières, je supervise. Je suis heureuse de cette évolution, surtout que je garde encore contact avec les patients.