ame-boheme-pierre-bouyer-profil-newyork-europusa-4-ConvertImage

Pierre Bouyer, designer et directeur artistique nous parle de son parcours et de sa vision des États-Unis et des Américains depuis son arrivée à New York City depuis 2019.

Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux États-Unis ?

Le rêve américain : j’ai grandi avec cette idée en tête, en l’imaginant comme le pays où tout était possible. Bercé par les œuvres hollywoodiennes, puis plus tard par les YouTubers américain, c’est un pays qui m’a toujours fasciné. Par sa dualité, son rapport au travail et à l’argent, ses paysages, il n’a pas fallu grand-chose pour me convaincre de le visiter.

Cette première visite a eu lieu en 2018, en passant plus de trois mois dans une ferme à Hawaï, en Californie, en Illinois, au Michigan et à New York. La première impression fut un choc des cultures. À la fois si proche et si éloigné de la nôtre, j’étais intrigué par la sensation que cela me procurait. J’étais séduit par la verticalité des villes, l’effervescence des centres et l’immensité du pays, mais dégoûté par la pauvreté, la mentalité conservatrice et l’insécurité qui peut régner à certains endroits.

Après une seconde visite la même année, j’ai décidé de tenter ma chance dans le monde du travail. Mon choix s’est porté pour ma ville coup de cœur : New York. Me voilà fraîchement débarqué sur le continent comme stagiaire sur Manhattan en Novembre 2019. Et depuis ma vie a littéralement changé du tout au tout.

Quel a été votre parcours là-bas ?

Suite à ces premiers voyages en tant que touriste, me voilà débarqué pour un contrat d’un an dans une entreprise à New York. Les premières semaines étaient incroyables : je vivais littéralement dans un film. Je louais un Airbnb sur Williamsburg, mangeais dans des restaurants de toutes les nationalités du monde, rencontrais de nouvelles personnes chaque jour.

Puis la vision de touriste s’est estompée petit à petit pour laisser place à la routine New Yorkaise. Et les plaisirs commencent à changer : au revoir les avenues de touristes, rooftops bondés et shops surcotés. Ces derniers ont laissé place aux petits bars de quartiers et aux restaurants un peu cachés.

J’étais sur place lorsque le Covid a sévi, et nous avons eu le droit à plusieurs semaines de frayeurs et d’auto-confinement. Le travail est devenu 100% télétravail, me libérant des trajets de métros quotidiens. Mais la vie a très vite repris son cours normal à New York, qui toutefois se trouvait libéré des touristes.

Après une année en tant que stagiaire designer graphique dans une entreprise, ils ont décidé de me garder comme designer et directeur artistique en free-lance. Poste que j’occupe maintenant depuis plus de deux ans, et que je me vois bien garder encore quelques années.

Qu’appréciez-vous chez les Américains ? Qu’aimez-vous moins ?

J’adore l’attitude positive que les Américains ont. Pour la plupart, ils vont se montrer enthousiastes et vous pousser dans vos projets. Ils ont ce talent pour vous encourager à donner le meilleur de vous-même en toute circonstance. Ce qui change radicalement du comportement typiquement français.

Avec les Américains, vous avez le droit à l’erreur dans l’entrepreneuriat, et c’est une chose qui est valorisée. Un échec n’est pas un stop, mais une étape supplémentaire qui a été franchie dans l’accomplissement de votre projet. Et lorsqu’ils font des critiques, ils cherchent toujours à émettre un avis constructif et réfléchi. C’est une mentalité que j’essaye de garder et de moi-même mettre en pratique.

Ils ont également un don avec les finances. Contrairement à la France, ils doivent obligatoirement s’intéresser aux investissements et aux placements d’argent pour espérer construire un patrimoine. J’essaye d’en apprendre le plus possible, car c’est vraiment intéressant.

Cependant, je dois dire que je déteste plusieurs choses chez les Américains, à commencer par leur hypocrisie. Ils peuvent détester une personne, en dire du mal en continu et pourtant leur faire de grands sourires et les hugs à chaque rencontre. Il est parfois difficile de démêler le vrai du faux et de réellement connaître les intentions d’une personne a votre égard.

De même, je hais particulièrement le fait que certains ne font absolument aucun effort pour comprendre les accents étrangers.

Pouvez-vous nous parler de votre blog, Âme Bohème ?

Âme Bohème, c’est un blog, un magazine numérique et un écosystème pour les âmes curieuses souhaitant explorer le monde sous toutes ses latitudes.

Fondé en 2016 à l’occasion de mes premiers voyages en Europe, le blog a évolué au fur et à mesure de mes expériences pour devenir aujourd’hui un écosystème traitant du voyage et de l’exploration. Promouvant des destinations et activités en respectant des valeurs qui me sont chères : avoir un impact positif, durable en ayant une démarche curieuse et honnête.

Le premier voyage réalisé en solitaire fut la découverte de Venise le temps d’un long weekend, en 2016. La passion du voyage m’a immédiatement atteint, ainsi que l’envie de partager mes récits, aventures et conseils. Quelques mois après, à l’occasion de mon second voyage, cette fois-ci en direction de Cardiff, je lance le blog voyage qu’est Âme Bohème.

À ces débuts, le site était uniquement centré autour de mes propres expériences. C’est aujourd’hui le centre d’un écosystème évoluant sur diverses plateformes et supports numériques, allant du vlog YouTube, aux vidéos inspiration TikTok en passant par les impressions photographiques ou les interviews d’explorateurs.

Âme Bohème est aujourd’hui la marque mère, regroupant le blog du même nom, ainsi que ma marque personnelle Pierre B. D’autres projets et entreprises autour du voyage et de l’écologie sont actuellement en phase de créations, et j’ai vraiment hâte de vous en parler !

Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées aux États-Unis ?

Les visas mis à part, je dirais que ce qui est le plus compliqué, c’est de trouver et d’être accepté pour louer un appartement. Lorsqu’on arrive pour la première fois à New York, on a tout de suite envie de trouver un appartement sympa avec une belle vue et de bonnes commodités.

Cependant, bien que ce soit déjà compliqué en France, il faut comprendre que ça l’est encore plus aux États-Unis. Les loyers sont particulièrement chers sur New York (Comptez au moins 1600 $/mois pour une chambre dans une colocation ou 3000 $ pour un studio), et les contrats de location sont quasiment toujours pour un an. Il est également requis d’avoir un revenu annuel équivalant à 40 à 60 fois le loyer mensuel, ce qui rend inaccessible l’accès à certains appartements, même avec de bons revenus.

La seule option est donc la colocation, mais il est compliqué de trouver de bonnes options. Cela prend du temps, de la minutie et on n’est jamais à 100% sûr de ne pas tomber sur des colocataires bizarres (j’en ai fait plusieurs fois l’expérience…).

Une des grandes difficultés qui est aussi le paradoxe des grandes villes, est qu’il peut être compliqué de faire des rencontres en dehors de son cercle du travail. Et particulièrement a New York où les gens sont là pour leurs carrières.

Se rendre dans les bars et commencer à parler à tout le monde est peut-être quelque chose de faisable, mais complètement inenvisageable pour l’introverti que je suis. La meilleure option est ainsi de trouver une colocation et de sortir avec ses colocataires. De cette manière, vous mettez un premier pied dans d’autre cercle et vous vous épanouirez socialement.

Si vous aviez mieux connu les USA avant de partir, auriez-vous fait les choses différemment ?

Pas particulièrement, car la seule manière d’apprendre est d’expérimenter et de se rendre sur place. Cependant, je pense que si j’avais mieux connu New York avant d’y emménager, je ne me serais pas aventuré dans certains quartiers.

J’ai par exemple habiter deux mois dans un appartement d’Harlem Ouest, au-dessus de la 136ᵉ. Je dois dire que l’expérience fut particulièrement horrible, et j’ai vraiment détesté le quartier. Si j’avais eu connaissance de l’ambiance de Harlem, je ne me serais clairement pas aventuré par ici.

Quelle est votre ville américaine préférée ? Pourquoi ?

New York sans aucune hésitation. Principalement car c’est la ville où j’ai fait mon stage et où j’ai vécu le plus longtemps.

New York, c’est une histoire, un symbole, un rêve américain. Quand on y est, on est immédiatement transporté dans un autre univers bien différent de la France. Chaque personne est ici pour un but et poursuit son rêve à travers les avenues, c’est quelque chose de très inspirant.

Quand on est à New York, on ne peut s’empêcher d’être actif. Pas de place pour la paresse ou la fainéantise : on court après nos objectifs, et même si on se prend une claque, on continue et on persévère.

Le fait que les saisons sont très marquées et présentent chacune leurs avantages est une bénédiction. On voit le temps qui passe à travers l’évolution des feuilles d’arbres que l’on voit à travers ses fenêtres.

Il y a des milliers de raisons d’aimer New York, et si vous souhaitez en découvrir quelques-une, je vous invite à venir lire les articles d’Âme Bohème.

Si vous deviez rentrer en France, qu’est-ce qui vous manquerait des US ?

Il est aujourd’hui complètement inenvisageable pour moi de rentrer vivre en France. Cependant, dans l’hypothèse où ça arriverait, je pense que ce qui me manquerait le plus ce sont les opportunités.

Aux États-Unis, il est beaucoup plus simple qu’en France de trouver du travail, d’être bien payé, d’évoluer dans son entreprise ou de tout simplement lancer des business. Les contraintes y sont infiniment moins grandes, et tout se fait beaucoup plus vite. Ça nous donne le temps d’essayer, d’échouer et de recommencer, le tout dans une atmosphère qui pousse à l’entrepreneuriat.

Je pense que le multiculturalisme me manquerait beaucoup également. Par exemple, à New York, nous pouvons commander en moins de cinq minutes des plats typiques de n’importe quelle nationalité à travers le monde sans aucun problème.

Quels conseils donneriez-vous aux Français qui souhaitent s’y installer ?

Quand on commence à s’intéresser un petit peu à s’installer aux États-Unis, on se rend compte très rapidement que c’est une vraie galère. Le nombre de démarches pour pouvoir obtenir un visa sont innombrables et c’est sans aucun doute le plus compliqué pour s’installer.

Cependant, pour ceux qui ont des projets professionnels ou qui sont carriéristes, je ne peux que vous conseiller de vous acharner et de persévérer. Même si cela implique de commencer par un vulgaire stage : aux États-Unis, tout va plus vite et les opportunités s’ouvrent à ceux qui le méritent.

Par exemple, en trois ans aux États-Unis, j’ai obtenu un poste et un salaire que je n’aurais jamais eu en France, même avec 30 ans d’expérience.

Ne baissez pas les bras aux premiers échecs, soyez motivé, et ça marchera pour vous !