portrait Arnaud Hubert

Arnaud Hubert est un Français travaillant dans la Silicon Valley. Il part aux Etats-Unis pour travailler pour Yahoo USA à 29 ans avant l’explosion de la bulle internet. Ce qui l’oblige à changer de job et d’employeur avec quelques complications de visa et finances…

Comment êtes-vous arrivé aux Etats-Unis ?

Je suis arrivé en 1999. Je travaillais depuis 2 ans pour Yahoo France puis pour Yahoo Europe. J’ai eu une opportunité intéressante pour travailler pour eux aux Etats-Unis en Californie. La société m’a sponsorisé pour un visa H1B.

Comment avez-vous trouvé votre logement aux Etats-Unis ?

Mon employeur m’a logé pendant 1 mois dans un complexe d’appartements et j’ai pu trouver un appartement sur place au bout de 3 semaines à Menlo Park qui est à mi-chemin entre San Francisco et le boulot. C’est le coeur historique de Silicon Valley, à côté de Stanford et du garage historique de HP. Je ne suis pas du matin et ne voulais pas passer 2-3 heures dans les embouteillages !

Quel a été votre parcours là-bas ?

Je suis resté jusqu’en 2001 et après le 11 septembre 2001, les choses se sont précipitées et j’ai fait partie de la 2ème vague de licenciement. J’étais donc sans emploi. Je me suis inscrit au campus de Cupertino de l’Université de Californie où j’ai pu obtenir un visa d’étudiant F1 et étudier la gestion de projet. Après un an, j’ai obtenu un certificat pour la fin de mes études qui me permettait d’avoir un permis de travail. J’étais sur le point de partir ailleurs : Canada, Philippines et j’ai enfin réussi à trouver un job dans une petite société de traduction à San Francisco. 8 mois plus tard, j’obtenais un poste chez Apple où je suis toujours depuis juillet 2004.

Vous travaillez actuellement en faisant du télétravail, est-ce une tendance importante aux Etats-Unis?

Ma petite copine ayant dû s’installer au nord de la Californie, j’ai demandé à mon manager de travailler à distance, ce qui a été possible. La tendance se confirme mais il y a encore peu de personnes qui le pratiquent pourtant les outils existent, cela permet d’économiser en locaux et ce n’est pas un souci pour la productivité.

QU’APPRÉCIEZ-VOUS AUX ETATS-UNIS ?

Les paysages, la culture, le fait de pouvoir commencer une 2ème carrière. J’approche des 40 ans et si j’ai envie de changer d’orientation, personne ne me dira « tu es trop vieux, tu n’arrives pas à te fixer … ». Il est possible ici de reprendre ses études à n’importe quel âge. J’apprécie en Californie le fait d’avoir accès à beaucoup de produits frais, plein de bons restos, de bons vins et tout est produit dans la région !

QU’AIMEZ-VOUS MOINS ?

Le système de santé. Via mon employeur, je cotise à une mutuelle relativement généreuse par rapport à d’autres mais ma part personnelle serait beaucoup moins élevée en France. J’ai la chance de ne pas avoir de maladie génétique ou handicap car il est très facile d’être endetté de quelques milliers voire centaines de milliers de dollars: c’est la 1ère cause de banqueroute personnelle aux Etats-Unis ! Le système est à revoir entièrement.

Aussi, il faut revoir le système des transports publics et les politiques d’environnement, même si San Francisco est à l’avant-garde. Le pays est un exemple de gaspillage énergétique considérable.

QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS AUX FRANÇAIS QUI S’INSTALLENT DANS LA SILICON VALLEY?

Le domaine du futur dans la Silicon Valley, c’est l’énergie verte. Avant de se lancer, il faut étudier le marché, regarder les annonces d’emploi, les entreprises actives…etc. Il faut se créer une petite cagnotte avant de partir. Je n’arriverais pas ici avec moins de 3000 euros en poche pour payer une voiture cash (car les Français qui arrivent n’ont pas de credit history), payer le loyer d’avance, faire face à l’imprévisible..etc. Les loyers sont l’équivalent de ceux de Paris qu’il faut payer 2 mois d’avance. Je recommande de venir à l’avance et de trouver un emploi avant de venir. Il y a des voyages d’étude organisés pour ne pas débarquer « fraîchement du bateau » comme ils disent ici.

Il faut aussi s’aider du réseau d’expatriés en place sans s’y enfermer pour autant même si c’est parfois difficile de nouer des relations avec les Américains.