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Philippe Tardivet a commencé comme pâtissier en Californie. Il est resté en Californie mais a changé de métier pour faire de la restauration, de l’immobilier et aujourd’hui il est chef d’une entreprise d’une dizaine d’employés dans les services à domicile. Un parcours atypique fait d’opportunités et de rencontres.

Comment êtes-vous arrivé aux Etats-Unis ?

Je suis arrivé en Californie en 1980 dans une très belle petite ville à 2 heures au sud de San Francisco qui s’appelle Carmel. Carmel fait partie de la baie de Monterey. Je suis né à Sallanches dans les Alpes en Haute Savoie, et ma profession à cette époque de ma vie était pâtissier. J’ai toujours aimé l’aventure. Des amis de mes parents sont venus en vacances à Carmel et ont rencontré un couple de Français qui étaient les patrons d’une pâtisserie française à Carmel. Dans la conversation, ils leur ont dit qu’ils avaient besoin d’un chef pâtissier. La suite : vous l’avez deviné, ils m’ont fait venir à Carmel.

Une fois arrivé aux US, vous avez ouvert votre propre pâtisserie ?

Après trois ans, j’ai ouvert ma propre pâtisserie « Fifi’s French Pastry », le jour de la naissance de ma fille Thalia. J’ai ouvert dans un centre commercial à Pacific Grove, une autre petite ville à 5 kms de Carmel. J’ai changé d’emplacement et de nom pour Fifi’s Café. Aujourd’hui, c’est mon ex-femme Michelle, qui elle aussi est de Sallanches, qui est toujours propriétaire. Le restaurant a été classé comme le meilleur restaurant français de la région de Monterey. Félicitations Michelle !

Après cette première aventure en indépendant, qu’avez-vous fait ?

J’ai repris un bar et restaurant « Tin Lizzy » à Carmel Valley. Un Français propriétaire d’un bar au milieu des cowboys, cela n’a pas été triste. Je vous passe les détails mais mon établissement a brulé par malchance. J’ai alors acheté un voilier et fait de la voile pendant 2 ans dans la baie de Monterey pour me changer les idées !

Après ces 2 années sabbatiques, quel a été votre programme ?

J’ai dû me remettre au boulot. J’ai aidé un ami à reprendre un restaurant car il ne connaissait rien au business de la restauration. Le restaurant était très petit mais avec un emplacement fantastique sur Ocean Ave à Carmel. La réussite a été immédiate. Le premier mois, les clients devaient attendre 1 heure pour une table !
Après 2 ans à Caffe Napolie, qui existe toujours et qui marche toujours très bien, je suis parti ouvrir mon propre restaurant italien à Carmel. Le restaurant a été primé comme meilleur restaurant italien de la région avec des articles parus plusieurs fois dans le New York Times, Los angeles Times, Dinning Magazine. J’ai pu rencontrer beaucoup de célébrités comme Clint Eastwood, Allan Silvestrie, President Ford, Andy Garcia, Robert Charlebois…etc.

Vous avez ensuite choisi de quitter la restauration en vous lançant dans l’immobilier ?

J’ai gardé ce restaurant 12 ans jusqu’en 2003. En parallèle, je me suis lancé dans l’immobilier. L’immobilier dans notre région marche très bien. Pour plusieurs raisons : Nous habitons un très beau coin de la Californie. Il y a notamment Pebble Beach, à 2 kms de Carmel, qui est une des capitales mondiales pour le golf. Autre raison : la situation économique aux USA n’est pas très bonne et donc la bourse ne marche pas bien. Comme les banques prêtent à des taux très bas, les investissements dans l’immobilier sont intéressants.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’immobilier et le bâtiment après 25 ans dans la restauration ?

Quand j’étais enfant, j’étais dans une école d’apprenti en construction. La restauration, c’est usant et tous les soirs, cela devient fatiguant. J’ai eu l’occasion avec mes restaurants de développer une clientèle de célébrités et de personnes fortunées, ce qui m’a permis de démarrer.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre activité dans l’immobilier ?

En fait, j’ai créé une société pour faciliter la vie des gens…riches ! Cela s’appelle My Home Concierge. Je m’occupe de tout dans leur maison : jardin, vitres, peinture, courses….etc. Je joue un peu le rôle des « concierge » d’hôtels.

Quelles difficultés avez-vous rencontré ?

Je n’ai jamais eu de grosses difficultés. Les Américains sont très ouverts, très hospitaliers, ils vous encourageront toujours à faire quelque chose.

Le fait d’être français vous a aidé dans votre parcours ?

Les Français sont les bienvenus aux Etats-Unis. Il me m’est jamais arrivé d’être rejeté à cause de cela. Les Américains adorent l’Europe.

Quel est votre plus grand regret ?

Ne pas être riche ! C’est un peu une blague. Je ne cherche pas à faire fortune. Pour cela, il faut venir très très jeune et avoir de la chance. Je cherche plutôt à être heureux. Du moment que vous êtes en bonne santé même après un certain âge.

Comment voyez-vous les seniors aux USA ?

Ici, vous pouvez avoir 70 ans, vous êtes encore jeune. Beaucoup de gens sont « health conscious ». Ils font du sport, de l’exercice, font attention à ce qu’ils mangent, ils boivent beaucoup de vin qui leur fait du bien ( !), de l’huile d’olive, ils continuent à travailler et adorent s’occuper.

Pensez-vous que vous auriez fait la même chose en France ?

Les opportunités sont plus grandes aux Etats-Unis qu’en France et il n’y a pas de limites dans les conditions de travail. Si vous travaillez 50 heures par semaine, personne ne viendra vous ennuyer. Il y a un revers de la médaille : le social. Les assurances santé n’existent pas par exemple et il est indispensable d’en prendre (comme celle que vous commercialisez !).

Quels conseils donneriez-vous aux expatriés qui s’installent ?

C’est aujourd’hui très difficile de s’installer sauf pour ceux qui viennent pour une grosse société. Il y a une saturation aux Etats-Unis. Il faut déjà venir voir, découvrir cet énorme pays. Il faut profiter d’un coup de chance comme j’ai pu le faire en rencontrant des gens. En plus les gens en France ne sont pas si mal que ça !