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Celou Bonnet nous explique sa vie dans la provence des Etats-Unis sur un métier passion: la sculpture. Elle nous raconte sa « beginning luck » aux Etats-Unis.

Quel a été votre parcours avant d’arriver aux Etats-Unis?

Je suis née à Carpentras, en Provence, ce merveilleux pays. Je retourne d’ailleurs voir mes parents chaque année. Les études n’étaient pas mon fort, je planais toujours. J’aimais monter à cheval mais je n’ai jamais appris. J’en ai fait mon métier. J’étais Lad-cavalière c’est à dire quelqu’un qui s’occupe des chevaux de course. C’est passionnant mais il faut aimer cela.

Comment êtes-vous arrivée aux Etats-Unis ?

Les chevaux de l’écurie que je montais à Chantilly sont partis à New York et l’entraîneur m’a demandé si je voulais partir avec eux.C’était en 1978. C’était une très bonne occasion, ils me payaient tout.

Quel a été votre expérience là-bas ?

Je suis arrivée à NY, nous avons eu les papiers facilement car nous arrivions avec des chevaux français donc nous « n’enlevions » pas de travail aux Américains. J’ai pris des cours du soir gratuits pour apprendre l’anglais. Je montais à cheval. J’ai commencé à sculpter. J’ai appris le procédé du bronze. Ma première sculpture était une grenouille.

Comment en êtes-vous arrivée à vendre vos scultpures ?

J’ai une passion : le cheval donc j’ai commencé à sculpter une jument. J’ai montré une photo à quelqu’un qui l’a acheté. On appelle cela ici la « beginning luck ». J’ai ensuite vendu mes sculptures à des gens qui aiment les chevaux.
Actuellement, je sculpte ce que mes clients me demandent. Tous les animaux, les enfants, des personages, etc…

Combien vendez-vous vos œuvres ?

Les prix vont de $100 à $5000 parfois jusqu’à $25000.

Vous consacrez-vous à plein temps à la sculpture ?

J’ai arrêté de monter à cheval car je ne pouvais plus faire les deux. En plus, monter à cheval c’est un métier dangereux. J’ai commencé à travailler dans une fonderie où on coule des bronzes à la méthode de la cire perdue. Je continue à le faire à temps partiel.

Pourquoi travailler aussi dans un fonderie?

J’aime travailler et finir les bronzes des autres artistes. J’y rencontre aussi des gens très intéressants, ce qui me permet de faire autre chose que des sculptures de chevaux. Dans un CV, c’est très important de montrer l’évolution de l’artiste. De temps en temps nous avons des groupes organisés, des étudiants qui viennent voir le coulage des bronzes.

Qu’est-ce qui vous a surpris à votre arrivée aux US ?

Tout était grand ! Les voitures, les gens….Quand on vient de son petit village, cela m’a paru extraordinaire. La vie était plus facile.

Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?

Les portes s’ouvrent plus facilement avec un projet. On travaille très dur mais si vous voulez y arriver, vous y arriverez. En France, les portes se ferment plus vite. Je ne sais pas si j’aurais pu faire en France mon métier aujourd’hui : la sculpture. Ici, on trouve toujours un moyen de gagner sa vie.

En France, je voulais monter à cheval, on me disait : « ce n’est pas un métier pour femmes, il faut être comme ci comme ça, bla, bla… ». Je voulais dessiner. On me disait : on ne gagne pas sa vie. Il y avait un côté négatif à tout.

Pourquoi avoir choisi la Californie ?

Comme je viens du sud de la France, la Californie, c’est la Provence des US.

Avant de partir aux Etats-Unis, auriez vous fait les choses différemment ?

Je montais à cheval, 15 ans de bonheur. Serais-je encore lad-cavalière? Je voulais être jockey : impossible. Je ne pouvais même pas monter en cavalière car c’était reservé aux amateurs. Je n’aurais sûrement pas pu devenir artiste car je n’ai pas fait les Beaux-Arts…Un pauvre avenir, n’est ce pas ?! Heureusement que je suis partie,”sauvée par mes amis les chevaux.”

Aujourd’hui je reçois des jeunes Français pour de courts séjours. Ils viennent faire des stages. Je me souviens d’un Français : il est arrivé la tête basse, il est reparti la tête haute, il a retrouvé confiance en lui-même. Tout est possible, rien n’est facile dans la vie, si tu veux réussir, ne comptes sur personne d’autre que toi, même si des personnes t’aident. J’aurais bien voulu avoir une telle occasion avant d’arriver dans ce pays.

Comment percevez-vous les Américains ?

Je reste dans mon cercle d’amis, d’artistes. Je rencontre beaucoup de gens très gentils. On dit souvent : c’est très superficiel. Oui et non : j’ai des amis sur qui je peux compter. Les Américains sont des grands enfants. Ils trouvent que les Français ne les aiment pas. En fait c’est parce-qu’ils sont moins friendly qu’eux. J’ai eu un accident très grave. Mes amis étaient là pour moi.

Qu’est-ce que vous détestez chez les Américains?

Le cinammon*. Ils en mettent partout !

Aussi, à la télévision, on a l’impression qu’il n’y a que les Américains qui font des trucs, ils ne montrent pas trop ce qui se passe en dehors des Etats-Unis et beaucoup d’Américains ignorent ce qui se passe. *la cannelle

Quelle est votre ville américaine préférée ?

Je n’aime pas trop les villes. J’aime San Diego, j’aime beaucoup Washington. J’ai horreur de Los Angeles.

Quelle région préférez vous ?

Le Kentucky, c’est joli car il y a des chevaux. Dans le Wyoming, c’est magnifique. J’ai été dans un ranch de mustangs, où ils gardent les chevaux sauvages, avec des antilopes, des cerfs…c’était magnifique. Les campagnes sont ici moins préservées. Ca pousse comme des champignons.

Si vous deviez rentrer en France, qu’est-ce qui vous manquerait des US ?

En France, les magasins sont toujours fermés, le midi, le week-end, c’est du temps perdu. Aussi, les fonderies sont sur Paris et moi les grandes villes je n’aime pas trop. En plus, je devrais descendre mes prix pour la France. Pour mon métier, je ne pense pas retourner mais je retournerais probablement pour mes vieux jours : j’ai 3 frères et une sœur en France.