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Après une expérience professionnelle chez Hermès de près de 10 ans, Béatrice Amblard a créé son entreprise aux US pour faire de la maroquinerie sur mesure pour des clients américains de plus en plus nombreux. Elle nous raconte pourquoi, comment et ce que les Etats-Unis lui ont apporté.

Après une expérience professionnelle chez Hermès de près de 10 ans, Béatrice Amblard a créé son entreprise aux US pour faire de la maroquinerie sur mesure pour des clients américains de plus en plus nombreux. Elle nous raconte pourquoi, comment et ce que les Etats-Unis lui ont apporté.

Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux Etats-Unis?

C’était un rêve d’enfant. A l’age de 10 ans, j’ai décide que j’irais un jour vivre aux Etats-Unis sans vraiment savoir pourquoi, car je ne savais rien de ce pays.

Quel a été votre parcours là-bas?

Je suis venue aux USA la première fois en vacances à l’âge de 21 ans. Je travaillais pour Hermès depuis 4 ans à Paris, comme sellière maroquinière. C’était en 1986. Ayant ressenti une grande frustration de ne pas parler l’anglais j’ai voulu y retourner. J’ai quitté mon travail pour 6 mois et suis donc repartie pour Los Angeles en janvier 1987 avec mon mari. Ce fût une période très difficile, où nous devions jongler tous deux avec des petits boulots. Au bout du 5ème mois, comme par miracle, Hermès m’a recontactée pour m’offrir un poste dans leur boutique qui ouvrait à San Francisco. Je n’ai pas hésité. Nous sommes partis pour nous y installer en Novembre 1987. J’y ai passé dix ans à faire du service après-vente. J’étais l’ambassadrice d’Hermès à San Francisco. Pendant ce temps, j’ai réalisé qu’il y avait une demande pour de la maroquinerie sur mesure. En janvier 1998 j’ai donc pris la décision de quitter Hermès pour commencer ma propre entreprise de sellerie maroquinerie de luxe sur mesure. J’ai ouvert ma boutique “APRIL in PARIS”, à San Francisco en Avril 2000. Toutes mes créations sont faites entièrement à la main, et sont uniques pour chaque client. Je travaille les cuirs exotiques comme l’alligator, l’autruche, le galuchat, aussi bien que les cuirs classiques. Bien que je sois essentiellement connue pour mes sacs à main, je crée aussi des portefeuilles, ceintures, meubles ou intérieur de voiture. L’imagination de mes clients est ma seule limite.

Quel bilan tirez-vous de vos activités ?

Aujourd’hui, j’ai élargi ma clientèle à tous les Etats-Unis, Hawaï et même des gens commencent à me connaître au Japon. J’ai déjà 250 clients et 6 mois de travail devant moi.

Combien de temps faut-il compter pour faire un sac et à quel prix faut-il s’attendre ?

Le prix d’un sac varie de 1.600$ à 10.000$, cela dépend du travail à faire. En moyenne, je passe environ 4-5 jours sur la fabrication d’un sac. Les gens peuvent attendre 6 mois pour avoir un sac.

Comment expliquez-vous votre réussite ?

Aujourd’hui il n’y a plus de personnalisation, tout se fait par internet sans contact. Moi, je vais à l’encontre de tout ça, je repars au XVII°siècle. Le client est roi et je fais tout pour mon client. Etant le seul interlocuteur de mon client, je peux lui porter toute mon attention.

Que vous ont apporté les US dans cette aventure ?

Ca n’aurait pas marché en France. Commencer de rien du tout aurait été impossible. Les Etats-Unis, c’est l’idéal. D’abord, pour monter un business, question logistique aux US, c’est très facile. Ce n’est pas comme en France où tout est contrôlé, taxé. Je peux faire tout toute seule. Ensuite, les Américains sont très ouverts d’esprit, très chaleureux pour apprécier d’autre chose. En France, le travail de l’artisanat est très mal perçu. Quand j’ai dit en classe de 3ème que je voulais faire un CAP de sellier-maroquinier à la Chambre de Commerce, tout le monde m’a tourné le dos. Ici, ce n’est pas un problème. On me dit que ce que je fais c’est de l’art.

Qu’est-ce qui vous a surpris à votre arrivée aux US?

J’ai été le plus surprise par la gentillesse des gens. Ils étaient heureux de nous aider à nous installer. J’ai été aussi très surprise par leur ouverture d’esprit. Peut-être parce que nous étions à San Francisco. C’était rafraîchissant.

Qu’appréciez-vous aux Etats-Unis ?

J’apprécie de pouvoir m’exprimer, de me sentir libre et pas jugée. J’y ai la sensation que tout est possible.

Qu’avez-vous le mieux réussi aux Etats-Unis?

Ce que j’ai le mieux réussi est définitivement ma carrière. Je fais partie des deux seules personnes qui ont quittées Hermès pour monter leur propre boutique. Aujourd’hui je crée mes propres designs, ma marque commence à être connue nationalement, et j’ai la chance de compter parmi mes clients les gens les plus intéressants du pays. Ce que j’ai accompli ici aurait été très difficile en France ou ailleurs.

Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées aux Etats-Unis?

Je crois que mes plus grandes difficultés sont plus sur un plan social. Il est difficile de se faire des amis comme en France qui passent vous voir à l’improviste, qui vous téléphonent et qui ont envie de faire des choses après 9heures du soir. Ici, il faut tout planifier 6 mois à l’avance socialement. Si vous voulez être sociale il ne faut pas attendre après les autres. Je me suis résolue à souvent faire le premier pas. On se sent un peu seule quelquefois.

Si vous aviez mieux connu les Etats-Unis avant de partir, auriez-vous fait les choses différemment ?

Je ne crois pas que j’aurais pu faire les choses différemment. L’Amérique c’est l’imprévu. Si vous voulez y vivre il faut accepter les imperfections du pays. Il y a toujours des solutions aux problèmes.

Quels conseils donneriez-vous aux Français qui s’installent?

Mes conseils seraient “croyez-y, allez-y, et ne vous laissez pas abattre, tout est possible”.

Quels sont, selon vous, les plus grands traits de caractère des Américains?

Leur plus grand trait de caractère c’est justement qu’ils y croient. Ils sont positifs et n’hésitent pas à changer les choses quand il le faut. Ils voient plus loin, toujours plus loin.

Quelle est la qualité que vous préférez chez les Américains?

C’est justement leur habilité à changer et à s’adapter. Ils ne se laissent pas abattre. Ils se relèvent des événements encore plus forts et plus soutenus.

Et qu’est-ce que vous détestez?

Leur système social. L’Amérique pourrait être un pays encore plus grand si les Américains savaient s’apporter un peu plus d’aide sociale.

Comment voyez-vous les Etats-Unis dans 50 ans?

C’est difficile pour moi de voir les Etats?Unis dans 50 ans. Je n’aime pas la science fiction mais je crois que la technologie sera encore plus présente, que les moyens de communication seront bien plus développés. S’il n’améliorent pas leur système social, la différence entre les classes sera certainement plus grande. Il y aura plus de riches et beaucoup plus de pauvres.

Quelle est votre ville américaine préférée? Pourquoi?

J’ai eu l’occasion de visiter plusieurs villes aux Etats?Unis et celle que je préfère est définitivement San Francisco. Après 15 ans passés ici je ne me lasse pas de cette ville. Elle est belle sous tous les angles. C’est aussi un peu comme un petit village de France. Les gens sont sympas. Je m’y sens chez moi sans aucun doute.

Quel est votre plat américain préféré?

Les barbecue ribs ou plat de côte au barbecue.

Quel est votre loisir préféré?

Passer du temps avec ma fille de 10 ans et mon amie. Jouer au tennis et faire des grandes marches dans la nature.

Quelle est votre devise?

Ma devise préferée est “When there is a will, there is a way ” qui veut dire en Français ” Si tu veux, tu peux”.

Quel est votre plus grand regret?

Je n’ai aucun regret. Je fais tout dans ma vie pour ne pas en avoir.

Quelle est votre plus grande fierté?

Ma fille Amélie. Nous nous adorons.

Si vous deviez rentrer en France, qu’est-ce qui vous manquerait des US?

Je ne considère même pas rentrer en France. J’aurais beaucoup de mal mais si je devais quitter les US ce qui me manquerait le plus c’est la vie que j’ai ici tout simplement. Elle correspond à ce que j’ai toujours voulu. Je crois que j’étais destinée a vivre ici.