vue sur new york

Amy est Suisse et a posé ses valises à New York en 2015. Créative dans la mode le jour et blogueuse chevronnée la nuit, cette pâtissière autodidacte publie ses récits d’expatriation et bons plans new-yorkais sur plusieurs sites Internet, ainsi que sur son site www.foodetcaetera.com

Oser s’expatrier

Les « oh » ne manquent pas quand j’évoque ma vie d’expatriée, et le moins que l’on puisse dire c’est que déménager au bout du monde (ou presque) ne laisse pas les gens indifférents. Tout quitter pour vivre l’aventure à l’étranger est éprouvant et souvent difficile mais sortir de sa zone de confort est toujours une expérience au pire enrichissante, au mieux fantastique.

Et justement, parlons-en de cette zone de confort, car c’est probablement le plus grand obstacle à une expatriation réussie. Il faut composer avec une nouvelle langue, une nourriture inconnue et des habitudes locales parfois étranges. Il faut s’ouvrir à la nouveauté, aux autres, aux us et coutumes, accepter que les gens soient toujours en retard ou se faire à l’idée que le prix du gruyère égalera désormais le PIB d’un pays en voie de développement. Mauvais pour mon porte-monnaie, mais bon pour mon cholestérol.

Il faut gérer l’avant – le travail, la famille, les amis, tous laissés derrière – et la culpabilité qui va avec – mais aussi les habitudes et la routine, rassurantes. Sauter à pieds joints dans l’inconnu, dans l’inattendu, dans l’inédit, avec les peurs et les inquiétudes que ça engendre, puis gérer l’après – tout réapprendre, tout reconstruire. Oser.

Vivre à New-York

Je suis expatriée à New York depuis début 2015. Les gens pensent que je vis dans une scène tout droit sortie d’un film de Woody Allen, que je bois des Cosmopolitan sur des rooftops branchés, que je prends mon petit déjeuner chez Tiffany’s, que je vais au travail en taxi jaune et que mon appartement (immense est sur la 5e Avenue) regorge de chaussures de grands créateurs. Les idées reçues ont parfois la peau dure. (Sauf pour les chaussures !)

En vérité, je travaille parfois 60h par semaine, je n’éteins jamais mon téléphone pro et si je ne peux pas me permettre le gruyère susmentionné, c’est parce que mon loyer égale aussi un PIB, mais plutôt celui d’un pays sur développé. Tandis que mon salaire, lui, ne suit pas vraiment la même courbe, ce serait trop simple.

Vivre à New York, c’est affronter le froid polaire de l’hiver et la chaleur caniculaire de l’été, payer une fortune pour un appartement (pas toujours) décent, s’entasser dans le métro, cohabiter avec les cafards, courir tout le temps, et dans tous les sens, et vivre dans le bruit et les klaxons au milieu de 8 millions d’autres personnes.

Mais vivre à New York, c’est aussi rencontrer des gens formidables, essayer à un tas de sports complètement farfelus, assister à des concerts grandioses, rire devant les comédies musicales de Broadway, croiser des gens connus dans la rue, assister à l’enregistrement de shows télévisés, faire du jetski sur l’East river, avoir les plus belles vues possibles depuis les toits de la ville, se faire livrer son dîner directement dans son lit, ou faire le tour du monde en quelques (milliers) de restaurants. C’est les dimanches à Central Park, les cookies de chez Levain Bakery, les taxis jaunes, les buildings immenses, les écureuils du Madison Park, les boutiques de SoHo, les friperies à Brooklyn, la Grèce à Astoria, la Chine à Flushing, le monde à nos pieds, les touristes perdus, les gens stressés mais heureux.

Je dis souvent que j’aime New York autant que je la déteste. Et c’est aussi ça l’expatriation, un roller coaster d’émotions – mixed feelings, comme ils disent ici – où les événements prennent des proportions étranges et où le quotidien est un renouvellement perpétuel.

Et vous, seriez-vous prêts à oser?